Avertissement : je n’ai rien contre les agents immobiliers, d’ailleurs ma femme adore Stéphane Plaza.

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Derrière ce titre un peu vindicatif se trouve un message important à destination des candidats comme des entreprises. L’un est le pendant de l’autre, et ils ne cessent de se répondre.

1- les candidats

Combien de fois ai-je entendu ou lu : « si vous avez une bonne opportunité… » ? Que celui de mes confrères à qui ça n’est jamais arrivé me jette la première brique de Tetris ! Au début, je ne faisais pas attention, je projetais inconsciemment la notion de « bonne opportunité » en fonction du CV qui m’était envoyé, enfermant ainsi joyeusement les gens dans MES cases. Et puis un jour, devant un CV moins évident à décrypter, ou juste par fainéantise (ou courage), j’ai demandé ce que signifiait « une bonne opportunité ». Car voyez-vous, j’avais un poste de pompiste à la station BP de Sucy-en-Brie, et je me suis dit que pour un jeune diplômé de grande école désireux de « mettre les mains dans le cambouis » (sic), ça pouvait convenir à merveille.

Hélas, j’ai gardé mon poste sur les bras, et il m’a précisé qu’en fait de cambouis, il pensait plutôt à un poste de Direction Générale. Après tout, il avait fait une grande école…

Malgré mes suppliques au Tout-Puissant et mes lettres au Père Noël (qui doivent être cousins, vue la barbe), je n’ai toujours pas le pouvoir de lire dans les esprits. Je ne sais donc pas ce qu’est une « bonne opportunité » pour vous. Accessoirement, les entreprises que je représente ne sont pas une liste de courses. On ne vient pas chez moi faire son shopping. En revanche, on partage un projet, on rencontre une équipe, on a des affinités avec une culture d’entreprise. Plus vous vous individualiserez, moins vous serez traité comme une commodité.

2- les entreprises

Non, les candidats que je représente ne sont pas des appartements avec une liste de critères qu’on coche sur seloger.com ! « Cherche candidat cerveau 5 pièces, lumineux, étage élevé, avec concierge et ascenseur… ». Et non, je ne fais pas sortir les CV en appuyant juste sur un bouton. Je suis bien placé pour savoir que la tentation est grande, notamment dans un marché favorable au recruteur. Mais n’oubliez jamais que le « bon » candidat (terme subjectif, mais néanmoins parfois objectivable pour certaines personnes qui sortent du lot) a toujours plusieurs propositions.

Si vous ne voulez pas qu’il vienne chez vous par défaut (pour l’argent) et qu’il en reparte avec le même état d’esprit de mercenaire, si vous ne voulez pas qu’il aille chez un autre dont la proposition de valeur (non financière) serait plus adéquate, prenez en compte ce qui anime profondément un être humain et qui n’animera jamais un immeuble ou un appartement (sauf peut-être s’il est hanté).

A moins d’aimer qu’on vous mente et qu’on vous serve un discours prêt-à-manger, écoutez les histoires des gens, stop aux présentations en 2 min, stop aux 3 qualités/3 défauts (qui a dit « perfectionniste » ?! tu quittes le loft !), prêtez attention aux centres d’intérêts.

Bien sûr, c’est un deal commercial in fine. Mais nom de nom, vous faites partie de la vie des gens pour une part plus que significative. Ne faites pas comme si tout cela était un simple process. Ceux qui vous donnent gratuitement en partageant leur histoire méritent que vous réfléchissiez à leur apport dans votre entreprise. Et on ne parle pas de jouer un rôle d’assistance sociale, juste de comprendre au-delà d’une feuille de papier que les anglais appellent à juste titre un résumé quelle peut être la valeur ajoutée de la personne en face de vous.

Et si tout cela ne vous a pas convaincu, rappelez-vous que demain, ça sera peut-être vous le candidat…

Ouroboros